Santé et médecine : les défis d’une société vieillissante

Lea Berger, SAGW, projet «Ageing Society»

Ageing Society ©Viacheslav Iakobchuk – fotolia.com
Quelle influence l’augmentation de l’espérance de vie a-t-elle sur les coûts de la santé ? Comment concevoir, dans le contexte du vieillissement démographique, une médecine d’avenir durable ? Comment assurer la viabilité de notre système, non seulement dans une perspective économique, mais aussi d’un point de vue social ? Le 7 novembre 2018, des experts se sont réunis à Pully (VD) lors de l’événement « Forum santé : les défis de la longévité » (organisé par le quotidien Le Temps) afin de débattre et d’échanger sur ces questions. Inspirés par ces discussions, nous nous penchons, dans cet article du blog de l’ASSH, sur la question du système de santé d’une société vieillissante.

Longévité et coûts de la santé : un facteur surestimé
Notre système de santé nous coûte de plus en plus cher, tant en chiffres absolus qu’en comparaison avec d’autres indicateurs économiques. Effectivement, depuis 1996 (introduction de l’assurance obligatoire des soins), la croissance des coûts de la santé a été deux fois plus importante que celle du PIB en Suisse. Mais qu’en est-il de la corrélation entre longévité et augmentation des coûts de la santé ? Souvent nommée comme cause importante de la hausse des coûts, la longévité n’en est de loin pas la seule. Effectivement, selon plusieurs études micro- et macro-économiques citées dans un rapport de l’OFS, le vieillissement démographique a une importance relativement faible sur les coûts de la santé en comparaison avec d’autres facteurs comme le progrès technique ou l’augmentation du volume de prestations. Aussi, des facteurs structurels entre autres liés à des systèmes de tarification générant des incitations coûteuses sont considérés comme importants pour l’évolution des coûts de la santé, comme le relève un rapport d’experts mandatés par l’OFSP. (Cf. également le colloque du 25 octobre 2018 intitulé « Pouvoir et médecine : Le pouvoir de l’argent » organisé par l’ASSH et l’Académie suisse des sciences médicales dans le cadre du projet « Medical Humanities » et le blog «Gesundheitssystem: Die Macht des Geldes».)

Vers une nouvelle définition de la santé
Malgré ces considérations, l’évolution démographique nous force à nous poser la question d’une « bonne » prise en charge des soins et de l’accompagnement des personnes âgées. La recherche sur la fin de vie, au travers du rapport de synthèse du PNR 67, livre des impulsions précieuses à ce sujet. Le rapport insiste fortement sur la notion de « dignité » et donc sur des aspects qui dépassent une vision médicale réduite à des symptômes physiques isolés. Dans ce contexte, les efforts entrepris en Suisse pour développer les soins palliatifs généraux sont certainement une chance et une voie à poursuivre (cf. https://www.plattform-palliativecare.ch). En outre, il est grand temps de lancer le débat sur une nouvelle définition de la santé basée sur le concept de la qualité de vie fonctionnelle, tel que le propose la stratégie de l’OMS sur le vieillissement démographique (« Global Strategy and Action Plan on Ageing and Health »), et d’adapter le système de santé et l’accompagnement des personnes âgées en conséquent.

La santé : un bien qui se construit tout au long de la vie en société
Il est primordial de souligner que la santé ne pourra pas faire face seule aux défis que pose notre société vieillissante en termes de coûts de la santé. En effet, ce n’est pas la médecine qui « construit » la santé des individus en premier lieu, mais bien la société dans son ensemble et au travers de toutes les générations (cf. C. Burton Jeangros, Trajectoires de santé, inégalités sociales et parcours de vie, 2016).


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