Pourquoi les études en sciences humaines sont importantes pour la société : connaissances et compétences d’un·e étudiant·e en Lettres

Maël Graa, ASSH, stagiaire

Beaucoup voient le domaine des sciences humaines et sociales d’un œil circonspect. Et pour cause, l’utilité de son champ d’étude pour la collectivité pouvant sembler, pour certains, toute relative. Elles paraissent parfois tellement spécifiques, abstraites, déconnectées de la réalité… À tel point que, même pour l’étudiant en Lettres que je suis, il est souvent difficile de trouver une place dans la société qui soit conciliable avec des valeurs collectivistes et solidaires.
 C’est vrai. On attend de l’étudiante en HEC qu’elle fasse tourner l’économie, du futur biologiste qu’il améliore la santé publique, qu’il sauve des vies. Et à moi, d’un air condescendant : « Ah, vous étudiez le latin… ce doit être intéressant. Et que ferez-vous ensuite ? » Et j’ai la sensation que mon humble savoir n’est voué qu’à une perpétuation stérile, ne faisant que se transmettre, encore et encore, sans contribuer à la marche du monde, ni au progrès. Pourtant, les étudiant·e·s en Lettres comme moi acquièrent de nombreuses connaissances et autant de compétences, sans en avoir toujours conscience.

Cultivé·e·s et critiques

Au terme de nos études, notre culture générale s’est en effet accumulée, notre esprit critique s’est développé et notre regard sur le monde est plus sûr. C’est bien ce que la connaissance, quelle qu’elle soit, nous apporte, et tout le monde s’accordera sur le besoin pour une société de favoriser l’art, la culture et la réflexion, qui participent pleinement à l’ouverture d’esprit dont elle a besoin. Il apparaît également qu’à l’aube d’une ère si médiatisée, où discerner le vrai du faux ne va pas de soi, la distance critique, fondement des sciences humaines, n’a pas de prix et sert parfaitement l’intérêt commun.

Ultra-compétent·e·s
Mais ce n’est pas tout. Je comprends que d’aucuns rient gentiment, lorsque j’explique que j’étudie l’« Histoire de l’Au-delà dans l’imaginaire de l’Occident médiéval », ou encore les « comparaisons épiques dans le livre XII de l’Énéide de Virgile ». En entendant cela, il n’est pas évident de comprendre l’intérêt général qu’ont les sciences humaines et sociales. Cela revient pourtant à négliger tout un pan de compétences que nous développons, parfois sans même nous en rendre compte. Car après avoir accompli ses recherches, durant cinq ans, sur divers sujets, l’étudiant·e a lu de nombreux ouvrages scientifiques, les a comparés, choisis, compris et utilisés. Il/elle y a ensuite sélectionné des informations, les a analysées, triées, mis en forme, longuement rédigées et expliquées... Peut-être a-t-il aussi fallu pour cela apprendre à travailler en groupe et sous le regard d’un·e chercheur·euse. Il demeure que toutes ces tâches accomplies jour après jour ont fait de nous des personnes autonomes, aptes à trouver n’importe quel renseignement, par tous les moyens, à lui appliquer un jugement et à le communiquer en toute connaissance de cause. Autant dire que de telles compétences sont loin d’être inutiles à la société ! Tous les autres environnements sociaux ou professionnels peuvent en profiter, y compris les hôpitaux, les administrations, etc.

Les sciences humaines ont clairement un rôle à jouer dans le bon fonctionnement de notre collectivité. Leur étude construit l’esprit critique dont l’individu bénéficie quelle que soit son activité, et leur pratique engendre des compétences profitables à tous les milieux, tant académiques qu’économiques ou sociaux. C’est pourquoi il convient de les considérer comme partie intégrante du tissu de la société.

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