L’ASSH se porte bien. Elle joue son rôle
d’association faîtière pour une soixantaine de sociétés savantes représentant une
large palette de domaines des sciences humaines et sociales, dont la plupart
sont dotés de chaires universitaires, alors que d’autres sont ancrés dans le
paysage culturel suisse. De nouveaux membres se pressent au portillon. L’un des
défis permanents de l’ASSH consiste à mettre en place des structures adaptées
aux besoins particuliers de chacune de ses sociétés membres et de leur proposer
des activités fédératrices dans lesquelles elles peuvent s’inscrire sans
contorsion. Le comité et le secrétariat général doivent donc trouver les
dénominateurs communs entre ces entités relativement hétérogènes pour créer une
valeur ajoutée et promouvoir des collaborations inattendues et fertiles.
La période 2010–2016, sous la présidence du
prof. Heinz Gutscher, a été marquée par des développements importants: un
rapprochement entre les différentes académies des sciences dans une structure
plus lisible, topographiquement et institutionnellement parlant;
l’aboutissement de projets importants, comme le Dictionnaire historique de la
Suisse; une redéfinition des rôles entre le Fonds National Suisse et l’ASSH
dans la conduite de projets à long terme; et des percées significatives dans des
domaines de pointe, comme les humanités digitales, le traitement des grandes
masses de données, ou le développement durable. L’ASSH poursuivra dans cette
voie, ce qui ne l’empêchera d’affronter de nouveaux défis.
Tout d’abord, il s’agira pour l’ASSH de
trouver sa place dans le concert des académies. A l’instar de l’Europe, les Académies suisses des sciences sont encore en gestation et les partenaires sont encore incertains de leur position
respective les uns envers les autres. Le nouveau président, M. Campagna, a
présenté un programme ambitieux pour la période 2016-2020. L’ASSH a choisi d’y
participer en prenant la direction du volet Ageing
Society, avec la conviction que les sciences humaines et sociales ont un
rôle essentiel à jouer non seulement dans une réflexion sur le vieillissement
de la population suisse et mondiale et ses conséquences, mais aussi dans
l’intégration du troisième âge dans un projet intellectuel et culturel
transgénérationel. C’est à travers de tels projets que les Académies pourront s’épanouir,
dans le respect des particularismes, mais avec une conscience aiguë des
intérêts communs.
Ensuite, il faudra négocier avec le Fonds
National Suisse, voire avec les organes européens, et au nom des sociétés
membres de l’ASSH, des modalités de soutien à la recherche qui correspondent
aux besoins et aux attentes des domaines concernés. Malgré la diversité des
pratiques, l’ASSH a pu prendre, lors d’un récent débat, la mesure des
inquiétudes des sociétés membres à l’égard des nouvelles règles de financement
du FNS. Il ne s’agit évidemment pas d’engager un bras de fer avec notre grand
frère, mais de favoriser un débat constructif afin d’utiliser les deniers
publics de la manière la plus efficiente possible.
Finalement, les prises de positions
régulières de l’Académie des sciences médicales ou de l’Académie des sciences
naturelles, souvent appuyées par l’ASSH, nous rappellent le rôle politique
attendu d’une académie. Le silence du monde académique en général et des
académies en particulier, dans les mois qui ont précédé la votation du 9
février 2014, devient de plus en plus assourdissant, maintenant qu’on en mesure
les effets sur la formation et la recherche. Tout en évitant toute politique
partisane, l’ASSH doit se positionner, ne serait-ce qu’en instaurant un débat
public, sur des questions sociétales aussi importantes que le numerus clausus
en sciences humaines et sociales ou la politique des langues dans le domaine
scolaire. L’ASSH est prête à relever ces défis, et d’autres encore.
Jean-Jacques Aubert, président de l’ASSH
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