Sciences humaines et sociales, médecine et santé


Prof. Dominique Sprumont, Institut de droit de la santé, Université de Neuchâtel

La médecine actuelle ne repose pas sur un modèle purement bio-psycho-social de la santé et de la maladie. Elle s’appuie sur une compréhension plus large des nombreux facteurs liés à la place de l’humain dans la société et son environnement, ainsi qu’à son rapport aux autres et à soi-même. Aujourd’hui comme à ses origines, la médecine se rattache aux sciences humaines et sociales et pas seulement aux sciences de la vie.

Le temps a paru opportun aux Académies suisses des sciences humaines et sociales (ASSH) et des sciences médicales (ASSM) d’organiser des workshops sur le thème « Medical Humanities» Le dernier, sur «Etat actuel et développement dans les hautes écoles suisses », s’est tenu il y a une année, le prochain aura lieu en quelques semains. 

Lors du dernier workshop, diverses expériences d’enseignement ont été présentées. D’emblée, cela a permis de constater la variété des programmes et des approches, certains étant davantage orientés sur les sciences humaines et les arts, d’autres plus ouverts sur l’ensemble des sciences humaines et sociales, en particulier les sciences sociales. En plus, la question des recherches en santé menées dans le domaine des sciences sociales a été abordée. Une étude récente commanditée par l’ASSH a permis de se faire un premier aperçu de la situation. Sa présentation a suscité plusieurs réactions, notamment sur la difficulté de bien circonscrire le cercle des disciplines concernées, mais aussi d’identifier l’ensemble des ressources disponibles afin de financer la recherche dans ce domaine. L’absence du droit, de l’économie ou du management de la santé dans le rapport présenté s’est avérée problématique. Lors du workshop du 26 mars prochain « Medical Humanities II : la place des sciences humaines et sociales dans la formation médicale », des modèles et expériences en provenance d’autres universités que lors de la dernière édition, des hautes écoles et en particulier la contribution du droit seront discutés. 

La place des SHS reste relativement mal définie. Si certaines branches, comme le l’éthique, le droit, l’économie ou les communications, sont explicitement mentionnées dans la loi fédérale sur les professions médicales universitaires(LPMed) – qui fixe le cadre général de la formation en Suisse –, le statut d’autres disciplines, comme l’histoire, la philosophie, les arts ou la sociologie, demeure plus incertain. Le problème est accentué en Suisse par la diversité des programmes de chaque Faculté. Il s’avère dès lors difficile de faire des comparaisons et d’identifier les domaines susceptibles d’une plus grande collaboration et/ou coordination.

Pour autant une collaboration interdisciplinaire et transversale doit se mettre en place dans un esprit d’inclusion et de vision globale. Des résultats concrets sont aujourd’hui attendus de la part de l’ASSH et de l’ASSM. Rendez-vous est pris pour le 26 mars à Berne.

Kommentare